Professeur de sociologie, Yves Lichtenberger est ancien président de l'université de Marne-la-Vallée et a joué un rôle majeur dans la constitution du PRES Université Paris-Est qu’il a présidé de 2007 à avril 2010. Il préside actuellement le comité de pilotage stratégique pour le rattachement de l’Université de Haute-Alsace à l’Université de Strasbourg et il anime régulièrement avec les Présidents les réunions des Conseils consacrées au rattachement.

Comment définissez-vous votre rôle dans le rattachement ?

Attaché à l’Alsace et à Mulhouse, j’ai souhaité apporter aux Présidents mon expérience du PRES Université Paris-Est et, pour les instances qui travaillent sur le rattachement, j’espère être un « facilitateur ». J’insiste sur la nécessité d’articuler les discussions autour d’un vrai débat. Le système universitaire évolue à une vitesse phénoménale, essentiellement pour des questions de visibilité nationale et internationale. On assiste aussi à un mouvement de décentralisation, à un ancrage dans les territoires, et le périmètre est donc bien l’Alsace. Il faut que chacun trouve sa place dans cette nouvelle configuration universitaire.

Qu’est-ce que les deux établissements peuvent s’apporter mutuellement ? Quels défis peuvent-ils relever ensemble ?

La nécessité de développer la visibilité et l’attractivité est partagée par les deux universités.

La valeur ajoutée de la coopération – qui n’est pas une simple coordination – peut d’abord se décliner par de nouvelles synergies internes pour concentrer les ressources sur des priorités stratégiques. Cette coopération permettra aussi d’attirer des publics, des compétences et des ressources complémentaires, que ce soit des étudiants, des enseignants, des chercheurs, ou des financements, et ceci à travers une marque commune.

La question de la marque est très présente dans les débats et en acceptant l’appellation « Université de Strasbourg », l’UHA s’ouvre de nouvelles perspectives. Il ne s’agit pas d’une question de survie, mais d’ambition. C’est un défi essentiel du rattachement auquel s’ajoute la nécessité d’une stratégie partagée en matière de carte de formations et de structuration de la recherche.

Les deux universités ont franchi une étape, elles peuvent maintenant se concentrer sur le contenu du rattachement, sur ce qu’elles feront ensemble.

Comment définir le contenu du rattachement ?

Les deux universités déposeront leurs projets de contrats quinquennaux avant la fin de l’année 2012. Les discussions déjà menées en interne, les échanges entre les deux universités et avec les collectivités, ainsi que les évaluations et les rencontres Aeres, sont un point de départ pour un projet commun.

Ce projet doit tenir compte de la diversification des publics des universités, du développement de la formation tout au long de la vie et de la nécessité de nouvelles formes de pédagogie.

Il pourrait s’articuler autour :

• D’une carte détaillée et coordonnée de l’offre de formation universitaire en Alsace,

• D’une organisation de la recherche mettant en valeur les spécialisations, définissant les leaders,

• De la mutualisation de certaines actions, de certains services,

• D’une véritable politique de GRH traitant les questions de recrutement, de mobilité, de formation.

Voilà de beaux éléments pour la construction d’un futur contrat de site qui permettra à nos universités alsaciennes de prendre leur place dans le paysage européen et international.